Connaissez-vous bien
le Faubourg des Sars ?
C’est
probablement le plus ancien des Faubourgs de MAUBEUGE. Situé au Nord de
MAUBEUGE. Il prend naissance route de Mons pour se prolonger jusqu’au
Grand-Bois. Il côtoie vers le Sud le nouveau quartier de l’Epinette, extension
de ce quartier qui vit le jour dans la fin des années 50.
Son épine dorsale, la « Rue des Sars », prend naturellement
son point de départ Nationale 2 route de Mons entre les numéros 99
et 101. Elle traverse une agglomération où, de nos jours, existent encore
quelques vieilles demeures dont l’origine est peut-être plusieurs fois
centenaire. Une fois dépassée la rue de la Chapelle, rue qui porte le non d’une
Chapelle dont nous reparlerons plus amplement dans cet exposé, ensuite laissant
sur la gauche le Boulevard de la Fontaine, le paysage change complètement
laissant place à de grands espaces herbagés régis par deux fermes dont la Ferme
des Sars ou « de Petit Sars » surnommée « Ferme de
Rosette » suite à l’attribution de résidence de la Géante des Sars : « Rosette »
par le Président des Amis de MAUBEUGE dans les années 30 : Henri BOËZ.
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Rue des Sars |
La Géante « Rosette
de Petit Sars » étant considérée dans la comédie de Henri BOËZ « La très
véridique histoire de Rosette de Petit Sars » comme la fille hypothétique
du Seigneur BRUNEAU Grand Bailly du Chapitre de Sainte Aldegonde au 17ème
siècle.
Enfin, croisant
la cité de Rosette puis, après un petit raidillon bordé de quelques maisons récentes, elle se termine perpendiculairement
avec la rue du Grand-Bois.
- Rue des Sars, quelle est l’étymologie de ce mot Sars ?
Sars vient de « essart » qui désigne un
défrichement de terrain définitif ou temporaire par simple abattage d’arbres ou
d’éclaircissement de forets. Il est donc vraisemblable que, avant ce
défrichement, le Grand Bois occupait une vaste partie des terrains qu’occupent actuellement
ce Faubourg.
- La première école des Faubourgs Nord de MAUBEUGE.
Elle se trouvait rue de la Chasse, lieu dit « El Cache »,
actuellement Boulevard Jean de la Fontaine. C’était une école pour les garçons à
deux cours. Au 19ème siècle, Monsieur Arnoux était l’instituteur. Il
était né en 1810 et vécu 100 ans. Il avait une grande barbe devenue toute blanche à la fin de sa vie. A la
retraite de Monsieur Arnoux, l’école primaire devint une école maternelle et
les enfants des Faubourgs durent aller en primaire à MAUBEUGE.
Pour information : l’école des filles se
situait au 134 route de Mons.
- Le Faubourg des Sars des années 50.
Dans
le début des années 50, on pouvait dénombrer encore 7 fermes.
A l’entrée
de la rue des Sars, la ferme PAMAR puis à droite de la rue, après le numéro 60,
une impasse (actuellement rue Jean BART) amenait à la ferme BERSILLON. A la
hauteur de la rue de la Chapelle, la ferme DELMOTTE et en bout du chemin, la
ferme HAUSSY.
Vers le Nord en direction du Grand-Bois, sur la gauche, la
rue de la Chasse (actuellement Boulevard Jean de la Fontaine) menait à la ferme
PIETTE dont les bâtiments existent toujours, puis Nord-est un chemin menait à
la ferme LIXON toujours en activité avec d’autres occupants. Reprenant rue des
Sars vers le Nord-ouest, nous arrivons à la ferme des Sars, premier lieu de vie
de ce quartier. Enfin nous arrivons à la rue du Grand-Bois où se trouvait la
ferme Jean FORET.
- 1596, la naissance d’un lieu de vie.
C’est le 29 Avril 1596 que fut établie la ferme des Sars, plus
exactement de « Petit Sars » sur une terre attribuée par le Chapitre
Sainte Aldegonde à Michel BRUNEAU marié à Marie ALAUWR. Le chapitre de Sainte
Aldegonde lui avait concédé cette seigneurie avec la haute, moyenne et basse
justice à tenir du dit chapitre comme fief simple.
Pourquoi une
demeure en ce lieu ? Probablement une situation géographique bien centrée au
milieu de ses terres et le passage du ruisseau « la Pisselotte »
permettant la création d’un étang protecteur pour environner la ferme
château ; toutes les hypothèses sont permises.
Ce point de
vie fut indéniablement le départ du développement du Faubourg des Sars. Un
recensement des habitations de 1666 donnait pour le centre ville de MAUBEUGE
496 habitations. Pour le Faubourg des Sars 3 habitations y compris la
Seigneurie de Michel BRUNEAU alors que l’on ne dénombrait qu’une seule maison au
Pont-Allant. Par la suite, ce fut le premier des Faubourgs Nord de MAUBEUGE à
avoir une école.
Michel BRUNEAU était fermier mais
probablement que ses origines bourgeoises et son excellente éducation lui
permirent d’accéder à la fonction d’administrateur des biens du Chapitre Sainte
Aldegonde. Grand Bailly du Chapitre de Sainte Aldegonde, il était le représentant de l'autorité du Chapitre dans
le bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de
contrôler l'administration en son nom. L’office du Bally pouvait être noble et
d'épée ce qui explique également son titre de « Seigneur de Petit Sars ».La ferme château qui était protégée par un
entourage d’eau, engendrait probablement beaucoup d’humidité dans le bâtiment
et peut-être même que par grande pluie la Pisselotte sortait de son lit,
inondant les prairies avoisinantes. Les époux BRUNEAU éprouvèrent le besoin de
changer de lieu de résidence et de conformer leur nouvelle demeure, à leur
train de vie de « Seigneur de Petit Sars ». Ils firent construire un
château dans un lieu plus sain, proche du point culminant du Faubourg des Sars.
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Emplacement théorique du château |
Ils construisirent une résidence au fond d’un grand rectangle dont l’ancienne chapelle au bout d’une allée formait le front rue des Sars. (Cette chapelle dédiée à Notre Dame de Miséricorde fera l’objet d’un chapitre spécialement consacré à sa longue histoire).
Malheureusement à ce jour, nous n’avons aucune
information sur la date de sa construction. Seul indice, à l’emplacement de ses
fondations, l’herbe de la prairie jaunie par temps très sec donnant, vue
d’avion, une vague idée de l’ampleur du château.
- 1789 : La Révolution Française.
A
la Révolution, il est probable que le château fut incendié et que la chapelle
en front de rue fut pratiquement détruite mais il semble que certains objets
furent mis à l’abri par quelques mains pieuses et retrouvèrent leur place à la reconstruction
de la chapelle en 1876.
Après les événements de 1789, les biens des
émigrés furent rendus à leurs propriétaires mais aucun des descendants de la
famille BRUNEAU ne donna signe de vie si toutefois à cette époque, il y avait encore
des descendants de la famille BRUNEAU, Seigneur de Petit Sars.
Le seul vestige conservé de cette Seigneurie étant
la chapelle en ruine. Suivant une décision de l’Assemblée Nationale de 1790,
les ruines de la chapelle devinrent la propriété de la Ville de MAUBEUGE. Elle
resta sa propriété jusque sa démolition en 1970 et fut ensuite remplacée par
une chapelle de style moderne construite place Albert PAUVROS demeurant
toujours un bien de la Ville de MAUBEUGE.
- L’Arbre
généalogique de la famille de Michel et Marie BRUNEAU.
A ma connaissance, il n’existe rien à ce
sujet dans les archives françaises. Ce descriptif de l’arbre généalogique de la
Famille BRUNEAU provient des archives des registres paroissiaux de Mons
(Belgique).
Protocole du notaire de LENS de Mons et Greffe de
Mons, criées de 1707 à 1710.
Arbre généalogique
Michel BRUNEAU
Seigneur de Petit Sars, Bailli du Chapitre Ste. Aldegonde
Marie ALAUWE
(son épouse fille d’un Bourgeois de Mons peut-être Pierre ALAUWE)
$
Louis
BRUNEAU Seigneur de Petit Sars, Bailli et Receveur
Général du Chapitre Ste. Aldegonde. Il épouse à Mons le 12 février 1623 Marie de BOUSSU née à Mons le 3 janvier
1600 (fille d’Adrien BOUSSU et de Catherine BOCQUET)

Louis BRUNEAU et son épouse Marie de BOUSSU sont
enterrés à l’église de Casteau-les-Thieusies, dans la chapelle sépulcrale de la
famille DONNAY-BRUNEAU. Sur leur tombe on peut encore voir de nos jours leurs
armoiries : D’or à la tête de taureau de sable, accorné, languée et bouclé de gueule.
$
Adrien-Ignace BRUNEAU Seigneur de Petit Sars
Isabeau BUISSERET (morte le 23 janvier 1709)
(Fille de Georges BUSSERET
échevin de Mons et Seigneur du Moran
et d’Antoinette
DURANT)
$
Ils eurent 3
enfants :
Philippe-François BRUNEAU Seigneur de Petit Sars et acquéreur de
Marchiennes en Harvengt. Il demeurait à Mons. (Célibataire, mort le 4 juin 1727
à Mons)
1
Catherine
BRUNEAU Seigneur de Petit
Sars (célibataire, morte en 1709)
1
Adrien-Philippe BRUNEAU (l’aîné des 3 enfants) Seigneur de la Roquette.
Epouse Marie-Marguerite ANZEAU le 31 mars 1681
(Fille de
Philippe-Antoine ANZEAU et de Jacqueline BOURGEOIS)
Elle est enterrée à
Mons en l’église de Sainte Waudru le 12 août 1727.
$
Ils eurent 5
enfants :
Marie-
Joseph BRUNEAU. Elle rentra dans
les ordres Ursulines.
1
François-Joseph-Adrien
BRUNEAU
Epouse Marie-Antoine-Joseph
HANNIER le 6 janvier 1719 à Sainte Waudru.
1
Henri-Louis-Joseph
BRUNEAU Seigneur de La Haye,
de Petit Sars le 2 janvier 1732, de Marchiennes le 9 septembre 1735 et
demeurant à Mons le 30 septembre 1744.
Epouse Marie-Claire
de MALENGREAU le 6 octobre 1727 à Sainte Waudru à Mons.
1
Joseph-Ignace
BRUNEAU Seigneur de la
Roquette.
Dame
Jeanne-Arnoldine TAHON
première épouse de Joseph-Ignace BRUNEAU, décède le 12 décembre 1729 et est enterrée
le même jour en l’église de Sainte Waudru.
Marie-Claire
HANOT sa deuxième épouse le
7 mars 1734 à Sainte Waudru à Mons. Elle décède le 19 novembre 1735 et est enterrée
le même jour à Sainte Waudru.
1
Philippe-Joseph
BRUNEAU
Epouse Marie-Thérèse
de la HAMAIDE le 16 octobre 1730 en l’église de Sainte Waudru.
Après le décès de Philippe-François BRUNEAU le 4 juin à Mons, c’est son neveu Henri-Louis-Joseph BRUNEAU, Seigneur de
Marchiennes et de La Haye qui devient, en lui succédant, Seigneur de Petit Sars
en 1732.
Henri-Louis-Joseph avait épousé le 6 octobre
1727, en l’église de Sainte Waudru, Marie-Thérèse-Claire
de MALEINGTREAU. La famille héritière gardera la propriété de la
Seigneurie de Marchiennes jusqu’au 7 août 1781.
1
Henri-Louis-Joseph
BRUNEAU, né à Mons, était le
fils d’Adrien-Philippe BRUNEAU. Il mourut à Harvengt le 4 septembre 1761 à
l’âge d’environ 66 ans. Il fut inhumé en l’église de Sainte Waudru. Ce fut a ma
connaissance le dernier Seigneur de
Petit Sars.
La veuve Marie-Thérèse-Claire de MALEINGTREAU
mourut à Mons le 24 janvier 1781 sans avoir eu d’enfant. Les héritiers de
Marie-Thérèse-Claire de MALEINGTREAU vendirent la Seigneurie de Marchiennes le
18 mai 1781. Il n’est rien stipulé au sujet de la Seigneurie de Petit Sars mais
la révolution française, toute proche, mit fin à cette Seigneurie.
- Rosette de Petit Sars.
En parcourant l’arbre généalogique de
Michel BRUNEAU, il est facile de constater l’absence du prénom de Rosette ou de
Rose dans les descendants de la famille BRUNEAU.
Il est donc démontré que Rosette de Petit Sars
est bien la fille hypothétique de
Michel BRUNEAU. Ce prénom de Rosette, attribué par Henri BOËZ (Président des
Amis de MAUBEUGE) à la création de la géante avait été choisi pour d’une part
devenir la « Reine de la Fête des Roses » et d’autre part respecter
les traditions populaires en affectant cette géante comme représentante des
racines ancestrales locales : la Seigneurie de Petit Sars avec son
seigneur Michel BRUNEAU.
Rosette de Petit Sars est donc un élément du « patrimoine
vivant » sans cependant être réellement rattachée à cette noble famille.
Avant la guerre de 1940, lors de ses sorties au
Faubourg des Sars, installée sur une plateforme tractée par une automobile,
elle s’arrêtait quelques instants devant la Ferme des Sars en signe de
reconnaissance à ses hypothétiques ancêtres.
Dans la Comédie d’Henri BOËZ : « La très
véridique histoire de Damoiselle Rosette de Petit Sars » contrairement a
ce que l’on aurait pu croire, la pièce se déroule au château de Michel BRUNEAU rue
de la Chapelle.
- La Chapelle des Sars
L’ancienne chapelle des Sars, construite en
front de rue à l’angle droit de la rue des Sars et de la rue de la Chapelle
datait de l’époque de la construction du château de la Seigneurie de Petit
Sars. Cette chapelle était assez vaste pour être desservie, à l’époque, par les
chanoines du Chapitre de Sainte Aldegonde. Après la Révolution, aucun des
successeurs de la Seigneurie de Petit Sars ne vinrent reprendre leurs biens et
on le comprend aisément en consultant l’arbre généalogique. La chapelle, bien
que fortement abîmée, fut conservée et devint la propriété de la Ville de MAUBEUGE, en conformité à une
déclaration antérieure de l’Assemblée Nationale en 1790. Il semblerait aussi
qu’a l’approche des événements de la Révolution, des mains pieuses mirent à
l’abri certains objets et œuvres d’art se trouvant à l’intérieur de la
chapelle.
![]() |
Chapelle des Sars |
Il faut attendre la fin du 19ème
siècle pour que deux jeunes gens et amis, Victor MOREAU et Pierre HURBIN avec
le soutien de quelques habitants du Faubourg des Sars, décident d’ouvrir une
souscription pour restaurer la chapelle. Certes, la Ville de MAUBEUGE,
propriétaire, aurait dû s’en charger mais aucun budget n’avait été attribué.
Afin de recueillir les fonds nécessaires, ils organisèrent un concert salle
RIBOT (ex café Central route de Mons). Les générosités furent rares et les
spectateurs restèrent aux fenêtres pour regarder le spectacle de l’extérieur.
Les deux amis firent appel à leur fonds
personnels pour la restauration et la chapelle fut inaugurée en 1876.
Restaurée, les habitants des Faubourg purent de
nouveau venir prier la Vierge, Notre Dame de Miséricorde, belle vierge
polychrome en bois.
Les origines lointaines de Notre Dame de
Miséricorde.
Durant
le premier tiers du XIVème siècle, on trouvera les premières représentations de
la Vierge abritant sous son manteau un ordre en milieu cistercien. Elles se
multiplient au cours de la moitié du siècle pour se généraliser après 1400,
affectant alors d’autres ordres, monastiques ou mendiants.
La
Vierge, Notre Dame de Miséricorde est représentée debout, son manteau ouvert
protégeant des personnages. On attribue à cette statue des dons de protection. Sa fête est célébrée le 8 septembre, jour
de la Nativité de Marie.
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Vierge de la chapelle du Faubourg des Sars |
Elle
porte une couronne d’étoiles, son manteau et sa robe sont parsemés également
d’étoiles.
Son
manteau ouvert protège deux enfants qui prient à genoux. Un garçon et une fille
seraient-ils les enfants du Faubourg des Sars demandant protection ou
consolation à la Vierge suite a ces périodes de troubles où MAUBEUGE fut
pillée et saccagée plus de vingt fois. ? Je vous laisse seul en juger.
Actuellement
la statue de la Vierge est en mauvais état due au ruissellement d’eau provenant
des fuites de la toiture lorsqu’elle se trouvait dans l’ancienne chapelle. Une
importante restauration ne pourrait se faire que par un atelier spécialisé. Des
retouches informatiques ont redonné à la photo de Notre Dame de Miséricorde son
aspect qui probablement devait être les
teintes d’origine.
La
guerre de 1914 à 1918, ébranla de nouveau la chapelle suite aux nombreuses
explosions. La cloche fut enlevée par l’envahisseur pour être fondu. Le manque
d’entretien y était aussi pour quelque chose, et les fuites de toiture
dégradaient l’intérieur.
En 1930, une Société d’Initiative (Les Amis de MAUBEUGE) s’était formée dans les faubourgs nord de MAUBEUGE. Elle envisagea une restauration de la chapelle aussi complète que possible. Elle intervint auprès de la Ville de MAUBEUGE, propriétaire, qui refit la toiture et remplaça les fenêtres, se servant comme financement d’un reliquat des dommages de guerre.
En 1930, une Société d’Initiative (Les Amis de MAUBEUGE) s’était formée dans les faubourgs nord de MAUBEUGE. Elle envisagea une restauration de la chapelle aussi complète que possible. Elle intervint auprès de la Ville de MAUBEUGE, propriétaire, qui refit la toiture et remplaça les fenêtres, se servant comme financement d’un reliquat des dommages de guerre.
L’intérieur des murs fut rejointoyé et l’autel
qui tombait en ruine fut remplacé suivant un plan dessiné par Monsieur Henri
BOËZ (Président des Amis de MAUBEUGE et Conservateur du Musée de MAUBEUGE).
Cette remise en état fut l’occasion
d’intéressantes découvertes. Un ange en bois sculpté qui est d’époque Louis XV,
une statue de la Vierge qui tient un sceptre d’argent et qui date du XVIIème
siècle. Deux panneaux provenant d’un triptyque du XVème siècle. Il est probable
que ces objets ont émigré vers la chapelle des Sars, lors de la dispersion des
biens du Chapitre des Chanoinesses de MAUBEUGE.
Ces tableaux étaient recouverts d’une crasse
épaisse et noire et les cadres rongés de moisissures. On pouvait découvrir des
personnages sur les deux faces, certainement celle d’un triptyque. L’artiste
Henri BOËZ entreprit minutieusement leur restauration. Il fut surpris de
découvrir au fur et à mesure du nettoyage, les scènes de la Nativité et de la
Présentation de Jésus au Temple retracée par le pinceau d’un artiste du XVème
siècle. Sur l’autre panneau on découvrait les figures du Christ et de la Vierge
entourés d’anges et des donatrices.

En 1971, l’ancienne chapelle fut vidée de ses
trésors en vue de sa démolition (lire le chapitre plus loin), malheureusement, les
4 tableaux qui depuis leur restauration s’étaient à nouveau dégradés et Henri
BOËZ ayant quitté ce monde et n’étant plus là pour en parler, il est probable
que par méconnaissance de leur valeur artistique ; ils furent vendu.
La seconde Guerre Mondiale. Elle
n’arrangea pas les choses de la chapelle mais toute fois elle subit peu de
dégâts. La cloche resta dans son clocher et après la guerre les « litanies
à la Vierge de Miséricorde » reprirent de nouveau ainsi que l’office au 15
août.
Sans entretien depuis sa restauration en 1932, la
chapelle était devenue vétuste. Une énorme lézarde la rendait dangereuse, son
clocher penchait légèrement et sa toiture laissait s’infiltrer l’eau dégradant une
nouvelle fois l’intérieur ainsi que la statue de Notre Dame de Miséricorde qui en
garde encore les traces.
Bien que située tout à fait à droite de l’entrée
de la rue de la Chapelle, elle gênait paraît-il quelque peu la circulation. A cet époque
quelques esprits chagrins disaient suivant le vieil adage que :
« lorsque l’on veut tuer son chien on prétend qu’il était enragé ».
La nouvelle Chapelle. Elle se situe, en
venant de la Route de Mons, rue des Sars à coté de la place Albert PAUVROS à
environ 100 m avant l’emplacement de l’ancienne chapelle.
La Ville de Maubeuge, propriétaire de cet
édifice, entreprit sa construction. C’est l’architecte DARDENNE qui en fit les
plans. Après environ un an de travaux, c’est le 16 septembre 1972 qui
correspondait à la fin de la neuvaine des litanies qu’une messe fut célébrée,
en présence des personnalités locales par l’abbé Paul VAILLANT, curé de la
paroisse du Sacré-Cœur de MAUBEUGE et par l’archiprêtre de VALENCIENNES, l’abbé
SENEZ. Le discours de bienvenue fut prononcé par Monsieur Fernand MOREAU
habitant rue de la Chapelle au Faubourg des Sars.
Souvenirs d’anciens habitants du Faubourg
des Sars. Le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge, donnait le
départ des litanies. A 19 h 00 s’ouvraient les portes de la chapelle, la petite
cloche, qu’on entendait des faubourgs voisins, tirée par sa corde, s’agitait
joyeusement pour appeler jeunes gens et jeunes filles qui, chaque soir pendant
9 jours allaient chanter sur des airs anciens les litanies. Le sanctuaire était
paré de fleurs et de mousselines blanches et bleues et, au péristyle du
feuillage dressé devant la porte se balançaient de petits losanges de verre
découpés, il y avait bien longtemps, par le « vitrier » dont la rue
voisine débouchant route de Mons a
conservé son nom.
Le dimanche qui suivait la date du 8 septembre
correspondait au jour de la « Ducasse du Faubourg des Sars ». Elle se
déroulait à côté de la chapelle. Lorsque la cloche se mettait a sonner, les
musiques des forains se mettaient en sourdine pour ne pas gêner les litanies
qui débutaient des 19 h 00. A la fin de l’office, un groupe de musiciens venait
jouer sur le seuil de la chapelle une « Valse à la Vierge ». Les
anciens du quartier disaient que cette musique arrachait à la Madone « les
larmes dans son Paradis ».
Les livres de chants avaient été retransmis de
générations à générations et les spécimens qui existent de nos jours datent du
25 août 1896. Ce recueil avait pour titre : « Cantiques de la
Jeunesse » A l’exception du
« Je vous salue Marie » chanté en Français, les autres chants étaient
en latin. L’office débutait par : « Je vous salue Marie » puis tiré
des Antiennes à la Sainte Vierge le « Salve Régina ». Venait ensuite
ce qui donnait le nom à cet office : « Les Litanies de la Vierge
Marie », suivi du « De profundis ». Quatre chants à la Vierge
terminaient la cérémonie. A la sortie deux jeunes filles tendaient un plateau
où résonnaient quelques pièces trébuchantes.
La fin d’une belle histoire. Malheureusement dans les années 80, la nouvelle chapelle fut dégradée par des enfants un peu trop turbulents et bien que remise en état par la Ville de MAUBEUGE à la demande des habitants, ses dégradations épisodiques continuèrent. Un autre problème, lié à l’évolution des générations, fit que, comme le montre la photo,
La fin d’une belle histoire. Malheureusement dans les années 80, la nouvelle chapelle fut dégradée par des enfants un peu trop turbulents et bien que remise en état par la Ville de MAUBEUGE à la demande des habitants, ses dégradations épisodiques continuèrent. Un autre problème, lié à l’évolution des générations, fit que, comme le montre la photo,
Le 8 septembre 2001, la petite cloche de la
chapelle des Sars sonna pour la dernière fois, pour appeler les fidèles au
« Litanies ». Cette dévotion fut pendant quelques années pratiquée à
l’église du Sacré-Cœur. De nos jours, en 2014, seuls quelques anciens en ont
encore le souvenir.
Si il est dit que la vie est un éternel
recommencement, souhaitons qu’un jour quelques jeunes gens et jeunes filles de
ce beau quartier du Faubourg des Sars, retrouvent le chemin de cette chapelle
pour à nouveau faire sonner cette petite cloche et prier la Vierge de
Miséricorde. Peut-être plus avec ces chants anciens mais avec de nouveaux cantiques,
bien rythmés accompagnés de guitares.
Jean-Yves
BOËZ
compteur gratuit
